Les premiers traits des hexagrammes Élan Créatif 乾 et Élan Réceptif 坤 sont des leçons d’humanité, telle qu’elle est conçue par le Yi Jing.

 

Ferme et souple

Élan Créatif est ferme et Élan Réceptif est souple. Ce qu’indique la première ligne de la Xème aile :


qián ; ferme ; kūn ; souple

Élan Créatif, le Ciel, principe du masculin, décrit le déploiement d’un dragon sur l’axe vertical, depuis la Terre jusqu’au Ciel. Le dragon est la métaphore de l’Homme qui se crée lui-même. A chaque trait il s’élève un peu plus, de la position la plus humble jusqu’à la plus affirmée, de la plus souple à la plus ferme. Comme un pénis au moment de l’accouplement, l’Homme qui s’auto-engendre a besoin de fermeté.

Élan Réceptif, la Terre, principe du féminin, décrit les relations horizontales qui permettent d’exister « en dehors » de soi. Tout au long de l’hexagramme, de trait en trait, l’Homme apprend à passer du ferme à la souplesse de la Terre pour, comme le sexe féminin, être en capacité de «recevoir», prélude à la «mise au monde».

 

Souple et ferme

Les premiers traits de ces deux hexagrammes sont les suivants :

Pour Élan Créatif
潛 龍 勿 用
Dragon caché au fond de l’eau. Ne pas agir.

Et pour Élan Réceptif
履 霜 堅 冰 至
Givre sur lequel on marche devient glace solide.

Ce qui saute tout d’abord aux yeux, c’est la présence de l’eau. L’eau représente l’univers des émotions. Elle représente aussi, c’est là tout le sujet de l’Odyssée, l’inconscient. Les deux premiers traits de ces hexagrammes, qui décrivent les principes de la dualité, nous renvoient à ce qui nous remue. Cependant, cette eau se présente sous ses deux aspects opposés, à l’inverse de la fermeté et de la souplesse décrits plus hauts.

Le dragon se trouve dans l’élément le plus souple qui soit. Au fond de l’eau (matricielle), au beau milieu de ses émotions, totalement inconscient de lui-même, l’homme est invisible. Il n’est tout simplement pas en capacité d’agir. Le Yi Jing nous raconte ici qu’il n’est possible de se construire puis de se déployer qu’à la condition d’être d’abord passé par cette phase de grande humilité.

Le premier trait d’Élan Réceptif décrit tout l’inverse. L’Homme est déjà debout sur la terre, visible. Il marche, parcourt le monde horizontal, en hiver. Il avance. Sous son pas naît la fermeté de la glace. L’eau sous sa forme la plus dure est alors coupante, brûlante. Ne peut accueillir que celui qui a posé fermement et dignement les règles de son « hospitalité ».

Ces deux traits nous livrent ainsi, en neuf caractères, toute une leçon de sagesse.

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