Rituels conscients ou inconscients

Lors d‘un tirage – pas for­cé­ment Yi Jing d’ailleurs – nous avons tous, que nous le vou­lions ou non, nos petits rituels, conscients ou incons­cients. Tout pro­cé­dé cha­ma­nique ou divi­na­toire est accom­pa­gné de son « maté­riel », indis­pen­sable au bon dérou­le­ment des augures. Cer­tains cha­mans uti­lisent des maté­riaux natu­rels, d’autres non. Tel cet afri­cain très doué que j’ai ren­con­tré en 2007 et qui effec­tuait des augures en uti­li­sant une cale­basse, des coquillages (cau­ries), petites pierres, perles de cou­leurs et pièces de mon­naie. La pré­sence de la cale­basse, coif­fant les petits objets, était très impor­tante pour le début de la petite céré­mo­nie car elle per­met­tait, d’une part, de mettre le cha­man en condi­tion, mais sur­tout, indis­pen­sable à ses yeux, de pro­té­ger les lieux et le « maté­riel » de toute « influence nocive » qui aurait pu per­tur­ber la céré­mo­nie et de ce fait influer sur les réponses et inter­pré­ta­tions.

bougie - supportLes pre­miers cha­mans pro­to-chi­nois pra­ti­quaient-ils des rituels ? Bien sur que oui. C’est l’évidence même.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Conseille-t-on de pra­ti­quer un rituel avant d’effectuer un tirage Yi Jing ? Je ne l’ai que très peu vu écrit. Dans ce domaine, le mieux est que cha­cun reste libre de sen­tir ce qu’il doit pen­ser, dire et/ou faire, pour que, selon lui, tout se passe au mieux lorsqu’il mani­pule les tiges d’achillée, les pièces de mon­naie ou tout autre média­teur.

Donc, à cha­cun ses res­sen­tis et croyances en la matière, et donc à cha­cun son rituel, conscient ou non.

Support Shao Yong

Je ne viens pas ici don­ner tel ou tel conseil. Point du tout. Je viens expo­ser ce qui m’a un jour tra­ver­sé le cer­veau et que j’utilise de temps à autre lorsque j’ai un tirage « d’importance » à effec­tuer. Non pas qu’il y ait des tirages plus impor­tants que d’autres, c’est tout à fait ridi­cule, mais qu’une cer­taine « inten­si­té » se dégage de cer­tains ques­tion­ne­ments, plus qu’à l’accoutumée, là oui. Alors, je l’avoue, je me prête à un petit rituel qui m’est cher car je l’ai ten­dre­ment peau­fi­né. Je me suis dit qu’il vous serait peut-être inté­res­sant d’en connaître le sup­port. Mais uni­que­ment le sup­port ! Car pour tout le reste, cela relève bien sûr de l’intime et donc je me tai­rai.

En 2014 je me suis « fen­du » d’une remise « au jour » du Dia­gramme « Ciel » de Shao Yong (numé­ro­logue chi­nois 1012–1077) en uti­li­sant une inter­pré­ta­tion qui m’est propre, déri­vée de la « Struc­ture Abso­lue » de Ray­mond Abel­lio1 et croi­sée avec le « Cycle Géné­rique de Vie » de Dane Rud­hyar2. Bref. Tout cela pour vous dire que je me sens en affi­ni­té avec les dia­grammes de Shao Yong. Par ailleurs, ces fameux dia­grammes Terre/Ciel étaient uti­li­sé autre­fois en Chine comme sup­ports magiques de pro­tec­tion et affi­ché pour ce faire sur les façades et les portes des mai­sons3.

Diag SY - supportA mes yeux, ces des­sins, assi­mi­lables à des Man­da­las4, repré­sentent une tota­li­té sacrée, une enceinte fer­mée pro­tec­trice, à la fois mas­cu­line et fémi­nine, par­faite dans ses gra­phismes struc­tu­rés où Terre et Ciel sont intel­li­gem­ment imbri­qués. D’autre part, lorsque l’on s’y plonge pen­dant des mois, comme je l’ai fait, on s’aperçoit que nous avons affaire à de véri­tables œuvres d’art mathé­ma­tiques et gra­phiques. Une beau­té indé­niable (sacrée ?) émane de ces des­sins. Ne s’agirait-il pas là d’un Yi Jing subli­mé ?

Impressions

Alors je me suis deman­dé si, tout bon­ne­ment, il ne « me » serait pas inté­res­sant d’utiliser ces beaux dia­grammes en tant que sup­port de tirage… Sortes d’images sacrées où le gra­phisme, par sa per­fec­tion toute puis­sante, engendre un sen­ti­ment de sécu­ri­té et de pro­tec­tion. Je me voyais déjà lan­çant les pièces (car je pra­tique les pièces) sur ces images cos­miques par­faites et obte­nir des réponses encore plus claires qu’avant…

Il ne me res­tait plus qu’à impri­mer la chose sur un sup­port suf­fi­sam­ment grand pour être uti­li­sé. J’estimais ce for­mat au A2 (envi­ron 40 x 60 cm), soit 4 feuilles A4 jux­ta­po­sés en croix.4 planches A4 - support

Facile à conce­voir, dif­fi­cile à fabri­quer. Mais j’y arri­vais !

Si cela vous chante et afin que vous ayez la pos­si­bi­li­té d’utiliser ce dia­gramme, il est télé­char­geable en fin de page sous la forme de 4 feuilles A4 (1.2.3.4.jpg). Ensuite il ne vous reste plus qu’à les impri­mer, décou­per les bor­dures join­tives au cut­ter puis de les asso­cier en les col­lant. Pour ma part j’ai ensuite col­lé le tout sur un car­ton adhé­sif et appli­qué un rho­doïd trans­pa­rent par des­sus, fai­sant office de pro­tec­tion du des­sin (sur­tout si vous uti­li­sez les pièces).

Matos - support

  1. - La Struc­ture Abso­lue – Ray­mond Abel­lio  - Ed. Gal­li­mard – 1965
  2. - Le Rud­hyar Essen­tiel – Ley­la Rael – Ed. L’Or du Temps – 1985
  3. - Les dia­grammes de Shao Yong. Qui les a vus ? – Alain Arrault – Études chi­noises, Vol. XIX, n°1–2, prin­temps automne 2000.
  4. - Man­da­la : Du sans­krit signi­fiant « cercle ». Des­sin cen­tré repré­sen­tant une tota­li­té psy­chique et spi­ri­tuelle par­faite, la plu­part du temps struc­tu­ré sur le chiffre 4.
CRÉDITS IMAGES (DANS L’ORDRE D’AFFICHAGE) : pierre lautier