Cet été 2018, dans le cadre des activ­ités du Cer­cle YI JING OCCITANIE de Car­cas­sonne, nous avons expéri­men­té une approche nova­trice dans la manière d’aborder un tirage. Elle vaut la peine d’être som­maire­ment com­men­tée car les per­spec­tives offertes sem­blent promet­teuses. Voici briève­ment en quoi elle a con­sisté.

LA question

La con­sul­ta­tion du Yi Jing com­mence par LA ques­tion à pos­er. Il s’avère que cette dernière est quelque fois dif­fi­cile à for­muler claire­ment, tant la sit­u­a­tion à éclair­cir peut revêtir de formes et strates dif­férentes. En effet, com­bi­en de fois n’entendons-nous pas le ques­tion­neur se deman­der « Je ne sais pas très bien si c’est la bonne ques­tion… ». Il est donc quelque fois néces­saire de « débrous­sailler » dans le foi­son­nement de celles-ci afin de dégager la ques­tion essen­tielle gisant au fond de notre esprit. Que ce soit indi­vidu­elle­ment ou avec l’aide d’une per­son­ne, l’opération se fait par une sorte d ‘épu­ra­tion qui con­siste à « tourn­er autour » de la prime inter­ro­ga­tion, en prenant le temps de l’examiner, voire de la décor­ti­quer, afin d’être sûr de sa justesse et per­ti­nence. Cette opéra­tion d’é­clair­cisse­ment avec remise en ques­tion est intel­lectuelle et se « tra­vaille » en état de con­science dit « ordi­naire ». Avec la pra­tique nous nous apercevons que, la plu­part du temps, l’état émo­tion­nel est respon­s­able du foi­son­nement de ces inter­ro­ga­tions cachant la « Ques­tion Per­le », comme je la nomme, ques­tion-racine qui peut sous-ten­dre toutes les autres. Il est néan­moins facile d’avoir plus rapi­de­ment accès à celle-ci en atténu­ant le fonc­tion­nement du men­tal, respon­s­able de notre état émo­tion­nel. Pour cela nous dis­posons de pas mal d’approches sim­ples et naturelles per­me­t­tant de « calmer » l’agitation du men­tal en mod­i­fi­ant notre état de con­science, notam­ment la relax­ation, la sophrolo­gie, la res­pi­ra­tion, etc., cette liste n’étant pas exhaus­tive.

La pratique

Lors de cette journée, le groupe étant volon­taire­ment con­sti­tué d’un petit nom­bre de per­son­nes (qua­tre), nous avons expéri­men­té plusieurs fois l’approche de la ques­tion à pos­er au Yi Jing avec l’aide de la sophrolo­gie. Pourquoi la sophrolo­gie ? Parce que c’est une dis­ci­pline que je con­nais bien mais aus­si parce que par­mi les par­tic­i­pants fig­u­rait une sophro­logue très com­pé­tente et à laque­lle j’avais demandé de guider une pra­tique de base toute sim­ple.

Cha­cun ayant préal­able­ment choisi puis écrit sa ques­tion, la séance a con­sisté en une guid­ance nom­mée sophro­ni­sa­tion de base con­sis­tant en une prise con­science du corps (assis), dans sa forme, sa tem­péra­ture, son poids, etc. Ensuite, dans cet état mod­i­fié de con­science (EMC), il s’agissait de se met­tre à l’écoute de tout ce qui se présente, en toute vig­i­lance, mais sans aucun but et surtout sans aucune « volon­té de », une sim­ple « inten­tion­nal­ité » étant req­uise. Cette pra­tique sophrologique de base est des­tinée tout d’abord à focalis­er la con­science sur le sché­ma cor­porel de manière à ce que le men­tal soit quelque peu mis à l’écart. Ensuite il a été pro­posé à cha­cun « d’appeler la ques­tion » qu’ils avaient décidé de pos­er au Yi Jing puis d’attendre, observ­er et accueil­lir ce qui se présen­tait à la con­science. Il est très impor­tant de respecter la pro­gres­sion intérieure de l’intention ain­si mise en place, inten­tion au sein de laque­lle « le rap­pel de la ques­tion » reviendrait métaphorique­ment à regarder l’horizon mar­itime sans rien atten­dre mal­gré le fait qu’avant de nous installer nous pen­sions qu’un bateau atten­du pour­rait y appa­raître. Alors, peut-être la bateau sera-t-il, en fait, un avion, un oiseau, un nuages, le soleil, etc. Cela ne se réfléchi pas mais se vit en EMC. Je ne ferai donc pas plus de com­men­taires sur ce sub­til vécu, les mots, en la matière, dénat­u­rant, voire tuant l’expérience…

Les expériences individuelles

Après quinze min­utes env­i­ron, la séance se ter­mi­nant par une res­pi­ra­tion soutenue et un fric­tion­nement du corps, il a été pro­posé à cha­cun de rester quelques instants en lui-même puis d’ouvrir très pro­gres­sive­ment les yeux, de repren­dre con­tact avec l’environnement et de bien vouloir not­er par écrit, à leur rythme, ce qui leur était apparu à la con­science, ou pas, notam­ment LA ques­tion.

Témoignage de Jacques :

« Pierre nous sug­gère de faire, avant le tirage à l’aide des baguettes, une petite séance de sophrolo­gie. C’est-à-dire de nous plac­er, avant la rédac­tion de la ques­tion et le tirage, dans un état mod­i­fié de con­science. La séance, d’une durée de quinze min­utes env­i­ron, nous per­met de nous pré­par­er afin de con­cré­tis­er ce ques­tion­nement. Sen­sa­tion de calme et de bien-être pour tous, fort appré­ciée. Puis sor­tie pro­gres­sive. Sans réfléchir je rédi­ge ma ques­tion. Et là…surprise ! Celle qui me vient immé­di­ate­ment à l’esprit est bien dif­férente de celle que j’avais pré­parée, selon la demande de Pierre, avant de venir à la réu­nion. De là à se pos­er la ques­tion : l’é­tat mod­i­fié de con­science n’au­rait-il pas “shunté” le men­tal pour per­me­t­tre l’émer­gence d’une préoc­cu­pa­tion plus pro­fonde ? Ce n’est pas impos­si­ble, d’au­tant plus que je ne suis pas le seul à faire cette con­stata­tion.

Expéri­ence fort intéres­sante qui mérite d’être renou­velée. »

Témoignage de Sylvie :

« Je me sou­viens que pen­dant la séance de sophrolo­gie, lors du rap­pel de la ques­tion, celle-ci a réson­né beau­coup plus en pro­fondeur qu’en état de veille ordi­naire. Elle con­cer­nait le départ de mon fils et donc l’im­pact émo­tion­nel était très fort. Mais pen­dant la séance en état sophronique les infor­ma­tions rel­a­tives à la ques­tion étaient comme plus justes et plus pré­cis­es. Les semaines qui ont suivi m’ont d’ailleurs incitée à trans­former et rel­a­tivis­er cer­tains ques­tion­nements relat­ifs à mon fils. Suite à la réponse apportée par le Yi Jing il me sem­ble avoir franchi un nou­veau cap. En tout cas cette séance m’a per­suadé que la ques­tion à pos­er au Yi Jing sonne plus juste en con­science mod­i­fiée. »

Témoignage d’Aline :

« Cette séance de sophrolo­gie pour­tant de courte durée, a man­i­feste­ment opéré pro­gres­sive­ment un change­ment, une sorte de détente. Pas une détente exacte­ment relax­ante mais un état où j’ai eu une per­cep­tion dif­férente de mon corps, plus affutée. L’installation de ce change­ment d’é­tat était plutôt agréable. Ensuite, j’ai été sur­prise de la for­mu­la­tion assez brute de ma ques­tion cor­re­spon­dant à ce ressen­ti cor­porel, à peu près : « com­ment faire face à ce qui me gon­fle ? ». Donc rien à voir avec la ques­tion que je voulais pos­er au départ, avant la séance de sophrolo­gie. »

Constatations

L’écoute des témoignages nous per­met pour l’instant de con­stater que la ques­tion « rap­pelée » en EMC peut se trou­ver mod­i­fiée et ceci dans le sens d’une pré­ci­sion, d’un affi­nage, d’une pro­fondeur ou tout sim­ple­ment occultée au prof­it d’une autre qui se présente spon­tané­ment à la con­science car elle sem­blerait plus urgente ou per­ti­nente. Il peut s’avérer aus­si qu’il n’y ait plus de ques­tion du tout en EMC, ce qui fut mon cas per­son­nel, non pas que la ques­tion que j’avais choisie en état de veille ne fut pas per­ti­nente, mais en EMC l’intensité du désir de la pos­er s’évanouit subite­ment au prof­it d’un calme répara­teur. Sor­ti de la séance, je m’aperçu qu’elle ne m’intéressait plus, tout sim­ple­ment.

Conclusion

Cette approche étant nou­velle il est pour l’instant dif­fi­cile de tir­er des con­clu­sions sig­nifi­antes. Néan­moins il est con­nu de longue date que l’état émo­tion­nel du con­sul­tant peut mod­i­fi­er l’approche de la ques­tion qui monte des pro­fondeurs en opérant une sorte de mul­ti­pli­ca­tions de ques­tions mineures grav­i­tant autour d’une seule, phénomène pro­por­tion­nel à l’intensité des émo­tions. De fait, la prime ques­tion peut alors être mise à l’épreuve du doute et la choisir défini­tive­ment en toute cer­ti­tude peut s’avérer dif­fi­cile.

Il sem­blerait qu’une mod­i­fi­ca­tion de l’état de con­science, en l’occurrence la pra­tique sophrologique, util­isée ici à titre expéri­men­tal, aide à éclair­cir le men­tal en le « dépol­lu­ant » des émo­tions per­tur­ba­tri­ces. Cette pra­tique parait facil­i­ta­trice, donc per­ti­nente pour faire émerg­er la Ques­tion Per­le avant que d’opérer un tirage Yi Jing. Il serait intéres­sant de pour­suiv­re ces inves­ti­ga­tions avec d’autres approches mod­i­fi­ant les états de con­science afin d’observer ce que devi­en­nent les ques­tions.

Nous voyons qu’il ne s’agit pas à pro­pre­ment par­ler du Yi Jing mais de l’affinement, de l’optimisation, de la pro­fondeur, de la justesse, de la per­ti­nence, etc, de LA ques­tion. Nous sommes à l’amont du tirage.

Mais en final­ité, quoi de plus impor­tant que LA ques­tion, puisque tout com­mence par là.

Pierre Lautier

Par­al­lèle­ment à ses activ­ités de pho­tographe, design­er graphique et directeur de créa­tion en entre­prise (de 1980 à 2012), Pierre Lau­ti­er s’est intéressé de très près aux philoso­phies non-dual­istes ori­en­tales, la psy­cholo­gie des pro­fondeurs de C.G. Jung, l’analyse des rêves et les mod­éli­sa­tions métaphoriques. Suite à des études en psy­chopatholo­gie, il s’est for­mé à la Rela­tion d’Aide, la PNL et pour­suit ses recherch­es sur le Yi Jing, les cycles uni­versels et l’éveil spir­ituel. Aujourd’hui il reçoit en con­sul­ta­tion toute per­son­ne en ques­tion­nements en appor­tant son aide dans les domaines de la prise de déci­sions, notam­ment grâce au Yi Jing. Pour plus de pré­ci­sions, voir le site de Pierre Lau­ti­er

Le Cercle Yi Jing Occitanie

Le Cer­cle Yi Jing Occ­i­tanie a vu le jour début 2018 sous l’impulsion de Pierre Lau­ti­er. Il pro­pose des ren­con­tres men­su­elles (un same­di après-midi par mois) à Car­cas­sonne ain­si que
des ren­con­tres à thèmes sous la forme d’une journée. Nous avons le plaisir de vous présen­ter le pro­gramme des
ren­con­tres à thèmes du pre­mier semes­tre 2019.