Les débu­tants ou moins spé­cial­istes trou­veront égale­ment un énorme intérêt à Le Yi Jing, Con­cili­er savoir et pra­tique. Il com­porte tout d’abord les clas­siques mais indis­pens­ables chapitres d’in­tro­duc­tion : dont l’art de pos­er une ques­tion, le rôle du hasard, les méth­odes pièces et baguettes, et les règles générales d’in­ter­pré­ta­tion. A la fin du livre, par­mi les dif­férentes annex­es on appréciera les cinq pages con­sacrées aux “Occur­rences des expres­sions et des mots” à par­tir desquelles il sera pos­si­ble de localis­er la présence d’une quar­an­taine de ter­mes ou de caté­gories (ani­maux, objets, etc.). Le cœur de l’ou­vrage présente, hexa­gramme par hexa­gramme, dans l’or­dre canon­ique, le texte com­plet (Juge­ment, traits et Grande Image), assor­ti d’une inter­pré­ta­tion des tri­grammes con­sti­tu­ants, de l’hexa­gramme opposé et de l’hexa­gramme nucléaire cor­re­spon­dants. Pour chaque chapitre nous avons ain­si accès :

    • au texte chi­nois
    •  à sa pronon­ci­a­tion en pinyin accen­tué
    • à la tra­duc­tion de Jean-Pierre DE LEECK
    • à un court texte com­bi­nant con­tex­tu­al­i­sa­tion et inter­pré­ta­tion
    • à une jus­ti­fi­ca­tion du sens à par­tir de l’hexa­gramme dérivé
    • pour finir à une illus­tra­tion com­men­tée pour agré­menter l’ensem­ble

Jean-Pierre DE LEECK fait par­tie d’une école selon laque­lle le Yì Jīng a été conçu par de grands anciens qui entendaient utilis­er le « Livre des change­ments » comme une aide à la déci­sion. Le Yì Jīng ou « Livre des change­ments » a longtemps été con­sid­éré comme un livre de div­ina­tion : « va-t-il pleu­voir demain ? La Reine va-t-elle avoir un enfant mâle ? » Util­isé de cette façon il y a 3000 ans, il a pro­gres­sive­ment été con­sid­éré comme un livre que l’on con­sulte quand on est placé devant un choix impor­tant, c’est-à-dire une aide à la déci­sion. Aujourd’hui on par­lerait de choix de tra­vail, de sen­ti­ments, d’argent, de domi­cile, etc. Dif­férentes écoles se sont dévelop­pées, dont cer­taines plus théoriques, plus intel­lectuelles. Cer­tains de ces auteurs mon­trent une con­nais­sance par­faite du chi­nois, y com­pris des car­ac­tères anciens et font une tra­duc­tion savante, car­ac­tère par car­ac­tère. Mais cette démarche, très respectable et utile, fait courir le risque de pass­er un peu à côté de l’âme du texte : sa voca­tion pra­tique. Réc­on­cili­er un courant intel­lectuel avec la réal­ité d’un usage très prag­ma­tique est le but de cet ouvrage.

Jean-Pierre DE LEECK est pas­sion­né de cul­ture chi­noise, con­nais­seur du Yi Jing et de l’histoire de l’Antiquité chi­noise, il est mem­bre du Cen­tre Djo­hi depuis 1994. Égale­ment pho­tographe, il a promené son appareil dans plusieurs provinces chi­nois­es ain­si qu’à Taïwan, Hong Kong et Macao. Près de cinq ans se sont écoulés depuis la paru­tion de son dernier livre, chez le même édi­teur, Une vision chi­noise de l’in­vis­i­ble : Les esprits en Chine : croy­ances et pra­tiques, qui fai­sait lui-même suite à Le Yi Jing — Pré­ci­sions his­toriques, fonde­ments his­toriques du texte du livre des change­ments.

Ce 10 avril 2023 paraît donc Le Yi Jing, Con­cili­er savoir et pra­tique aux Edi­tions Paci­fi­ca — ISBN 978–2‑38260–029‑0 – Ce manuel pra­tique de 310 pages est un véri­ta­ble brévi­aire, un indis­pens­able à garder sous le coude. Il reprend en effet sous une forme agréable et con­cise tous les élé­ments indis­pens­ables à l’in­ter­pré­ta­tion appro­fondie d’un tirage.

A la suite du mémorable et tou­jours impor­tant Yi Jing, de Cyrille J.-D. Javary et Pierre Fau­re, plusieurs élèves et enseignants du Cen­tre Djo­hi ont déjà pub­lié leurs ver­sions du Yi Jing. S’il ne fal­lait en citer qu’un, Le Yi Jing pour les nuls, de Dominique Bon­paix, sort claire­ment du lot : à la fois très adap­té aux débu­tants, mais fruit d’une longue expéri­ence pra­tique et didac­tique, sa per­ti­nence peut men­er très loin sur les rives de l’in­ter­pré­ta­tion. Son seul manque, assumé, est l’ab­sence du texte chi­nois et d’une tra­duc­tion mot-à-mot, s’ap­puyant unique­ment sur la tra­duc­tion de Cyrille Javary.

Le Yi Jing, Con­cili­er savoir et pra­tique comble par­tielle­ment cette absence, puisqu’il pro­pose sous un for­mat très com­pact le texte chi­nois et sa pronon­ci­a­tion en pinyin accen­tué. Jean-Pierre DE LEECK pro­pose égale­ment une tra­duc­tion per­son­nelle, pour laque­lle, il n’a sou­vent pas hésité à tranch­er avec celle de Cyrille Javary. Con­nais­sant le respect qu’il porte à ce dernier, l’in­térêt majeur pour les con­nais­seurs du Yi Jing sera cer­taine­ment de relever toutes les dif­férences entre les deux tra­duc­tions et de ten­ter d’en décel­er l’o­rig­ine, mais aus­si les points de con­ver­gence ; l’au­teur étant égale­ment pho­tographe, emprun­tons une métaphore à ce domaine : plutôt qu’une dif­férence de point de vue il s’ag­it sou­vent d’une sim­ple ques­tion d’é­clairage ou d’ob­jec­tif.

On l’au­ra com­pris, la brièveté des expli­ca­tions et com­men­taires, la volon­té de l’au­teur de se lim­iter à l’essen­tiel et d’éviter les bavardages et digres­sions per­son­nelles sem­blera peut-être un peu sèche et aride à cer­tains. Mais il faut saluer ce pari réus­si d’une extrême con­ci­sion, que je trou­ve bien sou­vent très supérieure à d’autres pro­duc­tions en français. Cet éla­gage a imposé des choix ; les spé­cial­istes y trou­veront matière à dis­cus­sions : je ne doute pas que sur la base d’un tra­vail aus­si sérieux et rigoureux, elles puis­sent être fructueuses. C’est donc, pour finir, le seul reproche que je peux faire à ce Le Yi Jing, Con­cili­er savoir et pra­tique : l’ab­sence de marges ou d’une page blanche à la fin de chaque chapitre, pour y annot­er remar­ques, cri­tiques, ques­tions et com­plé­ments per­son­nels.

En résumé : A la fois très com­plet, pré­cis et con­cis, cet ouvrage s’ap­puie sur la solide expéri­ence théorique de l’au­teur pour pro­pos­er un manuel indis­pens­able autant au débu­tant qu’à l’u­til­isa­teur aver­ti.

Je ne peux donc que vous recom­man­der d’ac­quérir au plus vite un exem­plaire de ce mag­nifique manuel de Yi Jing : il se révèlera en effet telle­ment indis­pens­able que vous n’au­rez même pas besoin de lui trou­ver une place dans votre bib­lio­thèque, …son for­mat per­me­t­tant de le con­serv­er en per­ma­nence à portée de main.

Vous pou­vez dès main­tenant le com­man­der sur le site de l’édi­teur ou chez votre libraire favori.