Présentation de l’auteur

GABRIEL FELLEY est un pas­sion­né de Yijing qui l’é­tu­die de longue date. L’En­cy­clo­pé­die du Yi Jing a reçu de sa part un article majeur, en ce qu’il res­semble à une syn­thèse géné­rale des pos­si­bi­li­tés du Yijing. Il dépous­sière très clai­re­ment le fait qu’on ne peut plus consi­dé­rer l’u­ti­li­sa­tion du Yijing comme une bille­ve­sée en s’ap­puyant sur le maté­ria­lisme scien­ti­fique pour inva­li­der l’u­sage du Yijing. On peut donc consi­dé­rer avec assu­rance que le Yijing met en mou­ve­ment des pro­prié­tés que les recherches de la Science Quan­tique mettent en évi­dence chaque jour un peu plus. Mr Fel­ley pro­pose de relier le tra­vail de Rupert Shel­drake et des champs mor­phiques aux pro­cé­dés antiques de sélec­tion aléa­toire d’un hexa­gramme. Il est aus­si l’i­ni­tia­teur d’ex­pé­riences visant à mettre en évi­dence la pos­si­bi­li­té de décou­verte d’un ordre caché au cœur du hasard lors des cal­culs de Yijing. Il uti­lise à cette fin des logi­ciels de sta­tis­tique éprou­vés dans divers domaines scien­ti­fiques pour faire appa­raitre des incon­grui­tés qui mettent à mal les pré­dic­tions de lois sta­tis­tiques bien connues. Il tra­vaille à par­tir de groupes impor­tants de per­sonnes qui cal­culent un hexa­gramme avec la même ques­tion. Il a la par­ti­cu­la­ri­té éga­le­ment d’u­ti­li­ser les dia­grammes du Ciel anté­rieur et du Ciel pos­té­rieur dans la lec­ture d’hexa­grammes. Gabriel Fel­ley est pro­fes­seur d’in­for­ma­tique de ges­tion à la FHNW (Uni­ver­si­té des sciences appli­quées du Nord-Ouest de la Suisse). Il a étu­dié la phy­sique théo­rique à l’É­cole poly­tech­nique fédé­rale suisse et s’in­té­resse depuis des décen­nies au Yi Jing (I Ching) en tant que sys­tème de champs mor­phiques. Il a écrit de nom­breux articles et don­né des confé­rences en Suisse ain­si que dans des sym­po­siums en Chine, au Viet­nam et aux États-Unis.

Bonne lec­ture

Georges Saby

“Ce que nous connais­sons, mais dont nous ne savons pas que nous le connais­sons, nous influence plus que nous ne le savons.”

(Dörte Hin­richs)

 

Comment les sciences occidentales reflètent le Yi Jing, ce modèle philosophique et cosmologique chinois millénaire de l’univers !

Le Yi Jing ou “Livre des chan­ge­ments” est un sys­tème phi­lo­so­phique unique dont la genèse remonte à plus de 3 500 ans dans la Chine ancienne. En Europe et aux États-Unis, il n’a été per­çu qu’au début du siècle. Depuis lors, il fas­cine les uti­li­sa­teurs à l’es­prit ouvert ain­si qu’une com­mu­nau­té scien­ti­fique inter­na­tio­nale et mul­ti­dis­ci­pli­naire. Cet article révèle des paral­lèles ori­gi­naux avec la phy­sique quan­tique et d’autres concepts scien­ti­fiques.

Le Yi Jing ou “Livre des chan­ge­ments” a été connu en Europe et aux États-Unis au début du 20e siècle grâce à la célèbre tra­duc­tion de Richard Will­helm. Les recherches de C.G. Jung en phi­lo­so­phie, en alchi­mie et en sciences psy­cho­lo­giques lui ont per­mis d’ac­qué­rir une recon­nais­sance bien éta­blie. A ce jour, le mys­tère de ses ori­gines et de sa struc­ture reste en grande par­tie non réso­lu. Néan­moins, il existe des paral­lèles fla­grants entre le modèle cos­mo­lo­gique et phi­lo­so­phique affi­ché par le Yi Jing et les phé­no­mènes et théo­ries scien­ti­fiques les plus modernes tels que la phy­sique quan­tique, qui émeuvent une com­mu­nau­té inter­na­tio­nale aus­si bien que mul­ti­dis­ci­pli­naire. La remise en ques­tion radi­cale et néces­saire pour accep­ter les récentes décou­vertes en phy­sique peut aider à vali­der et à réha­bi­li­ter cette créa­tion intel­lec­tuelle géniale issue de l’an­cienne culture chi­noise, que l’au­teur consi­dère comme le pre­mier modèle de phy­sique théo­rique de l’u­ni­vers.

Le Livre des Muta­tions – Yi Jing (I Ching) – a été com­pris par la plu­part des uti­li­sa­teurs en Occi­dent comme un livre d’o­racle. Lors d’une séance de Yi Jing, vous lan­cez au hasard trois pièces de mon­naie ou divi­sez un cer­tain nombre de tiges d’achillée selon une pro­cé­dure bien défi­nie, et vous rece­vez une réponse spé­ci­fique à une ques­tion clai­re­ment for­mu­lée qui se rap­porte aux forces réelles qui déter­minent la situa­tion de la vie réelle que vous consi­dé­rez, et ses cours pos­sibles. Le fait que le hasard joue ici un rôle clé et que des réponses fiables en pra­tique ne pro­viennent de rien de rai­son­na­ble­ment tan­gible pose un pro­blème sur­tout pour notre esprit de for­ma­tion car­té­sienne, même si le carac­tère aléa­toire inhé­rent à notre des­crip­tion de la réa­li­té sub­ato­mique est connu depuis long­temps. D’autres cultures, moins occi­den­ta­li­sées, ne voient pas le hasard ou l’a­léa comme un arbi­traire aveugle. Elles le consi­dèrent comme l’ex­pres­sion d’un ordre supé­rieur, que nous ne pou­vons pas com­prendre dans le cadre ration­nel que nous avons construit. Il n’est pas ancré dans le prin­cipe new­to­nien de cau­sa­li­té. Le règne uni­ver­sel de la cau­sa­li­té et la vision du monde seule­ment axée sur la ratio­na­li­té stricte sont ici consi­dé­ra­ble­ment affai­blis, mal­gré leur capa­ci­té à géné­rer des tech­no­lo­gies puis­santes.

Habi­tuel­le­ment, les cercles scien­ti­fiques domi­nants se sentent sur­tout gênés par le carac­tère aléa­toire inhé­rent à la métho­do­lo­gie du Yi Jing. Mais cette pré­ten­tion à la soi-disant vali­di­té glo­bale de la méthode scien­ti­fique conven­tion­nelle, ins­pi­rée de la vision new­to­nienne du monde, découle d’un mal­en­ten­du occi­den­tal. La science a depuis long­temps aban­don­né sa vision méca­niste du monde et le para­digme de la ratio­na­li­té pure. Les décou­vertes de la méca­nique quan­tique chez les scien­ti­fiques de toutes les dis­ci­plines au début du 20e siècle ont été à la fois une sen­sa­tion et un bou­le­ver­se­ment de leur vision fami­lière du monde.

 

Une séance de Yi Jing est comparable à un phénomène de physique quantique

Alors qu’au 19ème siècle, il y avait un consen­sus sur le fait que l’é­pis­té­mo­lo­gie s’ef­force d’ob­te­nir une connais­sance vraie et com­plète du monde, les décou­vertes scien­ti­fiques, faites à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, ont consi­dé­ra­ble­ment modi­fié cette pers­pec­tive. De nou­velles exi­gences, comme celles de l’u­ti­li­sa­tion pra­tique de la connais­sance, indé­pen­dam­ment de sa véri­té, sont appa­rues. Si la cau­sa­li­té, sous la forme de chaînes rigides de cause à effet, avait été consi­dé­rée comme le seul méca­nisme valable pour expli­quer les phé­no­mènes natu­rels, la décou­verte par Max Planck des plus petits paquets d’éner­gie pos­sibles, appe­lés quan­ta, et d’autres par­ti­cu­la­ri­tés de ce nou­veau monde étrange, décrit par les nombres quan­tiques, qui ne per­mettent que des chan­ge­ments d’é­tat dis­crets, a ren­du néces­saire d’accepter que des lois phy­siques qui pré­valent dans le domaine sub­ato­mique sont dif­fé­rentes de celles de la phy­sique clas­sique ou macro­sco­pique.

Des phy­si­ciens de renom tels que Max Born, Wer­ner Hei­sen­berg, Wolf­gang Pau­li. Erwin Schrö­din­ger, pour n’en citer que quelques-uns, ont déve­lop­pé le modèle de la méca­nique quan­tique (MQ), ils ont four­ni une méthode expé­ri­men­ta­le­ment bien véri­fiée pour décrire le fonc­tion­ne­ment de ce monde sub­ato­mique sans com­prendre pour­quoi il est comme il semble être. Appa­rem­ment, la chaîne bien connue de cause à effet est inac­tive dans le domaine sub­ato­mique. Tout cela a sus­ci­té un nou­veau ques­tion­ne­ment sur la signi­fi­ca­tion réelle de l’in­te­rac­tion entre la conscience et la mesure. Néan­moins, la MQ est pré­sente dans tous les coins de notre vie quo­ti­dienne, par exemple dans les appa­reils élec­tro­niques, qui sont essen­tiels dans notre socié­té de l’in­for­ma­tion. La rai­son pour laquelle elle fonc­tionne si bien n’est pas encore vrai­ment expli­cable, mais aucun phy­si­cien ne refu­se­rait d’u­ti­li­ser ses méthodes sim­ple­ment parce qu’il ne com­prend pas pour­quoi elle fait cet excellent tra­vail !

En outre, le pro­ces­sus aléa­toire, uti­li­sant des pièces de mon­naie ou des tiges d’a­chil­lée, qui sélec­tionne par­mi 64 hexa­grammes avec six lignes de muta­tion pos­sibles (ce qui donne 642 ou 4’096 états pos­sibles), celui dont les carac­té­ris­tiques propres repro­duisent le mieux la situa­tion consi­dé­rée, est simi­laire au phé­no­mène de “col­lapse de la fonc­tion d’onde” en MQ.
Ce concept signi­fie qu’un sys­tème quan­tique est décrit par la super­po­si­tion de tous les états obser­vables pos­sibles. Tant que la mesure réelle n’a pas encore eu lieu, tous les dif­fé­rents états sont pos­sibles. Cepen­dant, dès qu’un obser­va­teur exé­cute la mesure, un seul état est sélec­tion­né et tous les autres états dis­pa­raissent spon­ta­né­ment1. L’ef­fon­dre­ment de la fonc­tion d’onde se pro­duit ins­tan­ta­né­ment. Même à des endroits spa­tia­le­ment éloi­gnés, les mêmes consé­quences se pro­duisent pour les objets quan­tiques “intri­qués”. Cette pro­prié­té est appe­lée non-loca­li­té quan­tique. Il est très ten­tant de com­pa­rer la sélec­tion aléa­toire d’un hexa­gramme avec l’ef­fon­dre­ment de la fonc­tion d’onde en méca­nique quan­tique. Tant que la sélec­tion de l’hexa­gramme n’a pas été faite par hasard, tous les hexa­grammes sont pos­sibles, après le “tirage” il ne reste qu’un seul hexa­gramme pour fixer toute la confi­gu­ra­tion entre l’ob­ser­va­teur-ques­tion­neur et l’é­tat-hexa­gramme obser­vé.

 

Le principe de synchronicité et le Yi Jing

Avec Wolf­gang Pau­li, phy­si­cien lau­réat du prix Nobel, Carl Gus­tav Jung, fon­da­teur de la psy­cho­lo­gie ana­ly­tique, a for­mu­lé dans les années trente le prin­cipe de syn­chro­ni­ci­té2. Il peut être consi­dé­ré comme une exten­sion du prin­cipe de cau­sa­li­té. Il pos­tule qu’une chaîne cau­sale n’est pas le seul moyen de relier deux évé­ne­ments, mais que ceux-ci peuvent être reliés par leur capa­ci­té à créer du sens. Une syn­chro­ni­ci­té relie, par une pro­cé­dure non cau­sale, un cer­tain pro­ces­sus men­tal inté­rieur à l’ob­ser­va­teur avec un acteur maté­riel du monde phy­sique exté­rieur, et ce lien a un sens pour l’ob­ser­va­teur. Dans une séance de Yi Jing, le pro­ces­sus aléa­toire appli­qué pour conce­voir un hexa­gramme, peut être consi­dé­ré comme une syn­chro­ni­ci­té. La ques­tion, qui pré­oc­cupe le consul­tant, génère un pro­ces­sus psy­chique inté­rieur. L’exé­cu­tion du pro­ces­sus aléa­toire pour trou­ver l’hexa­gramme pro­duit une syn­chro­ni­ci­té qui couple judi­cieu­se­ment la ques­tion à cet hexa­gramme.

Cette intui­tion vieille de presque 100 ans est par­ti­cu­liè­re­ment inté­res­sante si l’on consi­dère le mys­té­rieux sys­tème du Yi Jing. D’où vient cette éton­nante pré­ci­sion en inter­ro­geant le Yi Jing selon un pro­ces­sus aléa­toire ? Com­ment est-il pos­sible que ce sys­tème four­nisse des infor­ma­tions aus­si pré­cises et pré­cieuses, qui ne sont pas dis­po­nibles par le biais d’en­quêtes ration­nelles, pour amé­lio­rer consi­dé­ra­ble­ment les pro­ces­sus de prise de déci­sion ? Cette ques­tion n’a tou­jours pas trou­vé de réponse. De même que per­sonne ne sait pour­quoi la MQ fonc­tionne aus­si bien, mais que beau­coup savent com­ment l’u­ti­li­ser, nous savons seule­ment com­ment uti­li­ser le Yi Jing. Il s’a­git d’un sys­tème sym­bo­lique et séman­tique qui pos­sède un poten­tiel inex­ploi­té pour don­ner au ques­tion­neur l’ac­cès à des infor­ma­tions, non dis­po­nibles par des voies ration­nelles, et pour éclai­rer et exa­mi­ner de manière cri­tique les déci­sions admises.

 

Le Yi Jing comme révélateur du champ morphique

L’in­te­rac­tion de la conscience et du pro­ces­sus de déci­sion ayant été ren­due plau­sible par les phé­no­mènes de la MQ, la ques­tion de la source d’in­for­ma­tion reste posée. Ici aus­si, la science dis­pose de modèles actuels aux­quels le Yi Jing peut se réfé­rer.
Le bio­lo­giste bri­tan­nique Rupert Shel­drake3 a inven­té le terme de champ mor­phique, un champ simi­laire à un champ élec­tro­ma­gné­tique qui trans­porte de l’in­for­ma­tion plu­tôt que de l’éner­gie. Il a obser­vé que les ani­maux ont un accès intui­tif à la connais­sance col­lec­tive et com­mu­niquent entre eux sur de grandes dis­tances en uti­li­sant une source d’in­for­ma­tion com­mune. Un phé­no­mène simi­laire est éga­le­ment sus­pec­té dans la flore4.
L’i­dée est que ce champ mor­phique stocke toutes les infor­ma­tions qui existent dans l’u­ni­vers et les rend en quelque sorte dis­po­nibles à tout moment et en tout lieu. Par la sélec­tion aléa­toire d’un hexa­gramme, la conscience du ques­tion­neur est réglée sur la “fré­quence per­ti­nente” de ce champ et l’in­for­ma­tion recher­chée est récu­pé­rée sous la forme de l’hexa­gramme construit. Le Yi Jing avec ses 64 hexa­grammes pour­rait être inter­pré­té comme un cata­logue de l’en­semble des confi­gu­ra­tions arché­ty­pales de l’u­ni­vers recueillies au cours des mil­lé­naires.
L’i­dée d’un champ d’in­for­ma­tion a déjà été décrite par C.G. Jung comme un “incons­cient col­lec­tif”. Selon lui, l’ ”incons­cient col­lec­tif” est une couche plus pro­fonde de la psy­ché que la couche per­son­nelle. Il est super-per­son­nel, de nature géné­rale et iden­tique chez tous les indi­vi­dus. Les images, les motifs, les idées, les légendes et les his­toires archaïques qui sont appa­rus indé­pen­dam­ment les uns des autres en dif­fé­rents endroits de la terre et à toutes les époques ont ser­vi de base à l’i­dée qu’ils expriment une struc­ture d’âme iden­tique ou col­lec­tive com­mune à tous les hommes. Selon Jung, cet incons­cient s’ex­prime dans les rêves et les symp­tômes cor­po­rels de l’in­di­vi­du. Les archives aka­shiques devraient éga­le­ment consti­tuer un tel champ. On retrouve prin­ci­pa­le­ment dans la théo­so­phie anglo-indienne “moderne” et dans l’an­thro­po­so­phie l’i­dée d’un “Livre de la Vie” sur­na­tu­rel, qui contient une mémoire mon­diale glo­bale sous forme cryp­tée.

 

Conclusion

Le Yi Jing n’est pas un oracle au sens d’une voyance ou d’une inter­pré­ta­tion de l’a­ve­nir, uti­li­ser le Yi Jing cor­res­pond à dévoi­ler les faveurs du temps, qui sont cachées à la pure ana­lyse ration­nelle. Il peut créer la connexion avec notre intui­tion la plus pro­fonde et nous pro­té­ger nous-mêmes d’une inten­tion­na­li­té ratio­na­li­sée trop forte ou de fac­teurs défa­vo­rables non iden­ti­fiés, indé­pen­dam­ment de toute consi­dé­ra­tion spé­ci­fique de “mora­li­té”.
Les “Lois du Ciel”, telles qu’elles sont com­prises dans le Livre des Muta­tions, dif­fèrent des lois de la méca­nique new­to­nienne en ce qu’elles ne sont pas sta­tiques mais dyna­miques. Elles héritent d’une inten­tion qui leur confère une sorte d’in­tel­li­gence sub­tile et com­plexe et leur per­met d’a­gir comme des « Méta-Lois » orches­trant les pré­oc­cu­pa­tions ter­restres. La struc­ture des lignes d’un hexa­gramme du Yi Jing fait réfé­rence au rôle de l’homme (troi­sième et qua­trième lignes) et à son inter­ac­tion entre la terre, (pre­mière et deuxième lignes), et le ciel, (cin­quième et sixième lignes). Dans la MQ, l’ins­tance obser­va­trice joue éga­le­ment un rôle déci­sif dans la per­cep­tion de la réa­li­té envi­ron­nante.
Ces inter­ac­tions entre l’ob­ser­va­teur et l’ob­ser­vé sont bien connues des phé­no­mènes de la MQ. En phy­sique clas­sique, par contre, tous les évé­ne­ments obser­vés sont décrits à l’aide d’ob­jets ou de concepts mathé­ma­tiques tels que l’es­pace, le temps et l’éner­gie, dont la nature réelle pro­fonde et les imbri­ca­tions mutuelles sont d’ailleurs loin d’être com­plè­te­ment com­prises. Dans cette image de l’u­ni­vers, l’ob­ser­va­teur n’in­ter­vient pas du tout. Il regarde les évé­ne­ments qu’il décrit mais ne les influence pas. La façon dont les évé­ne­ments évo­luent est entiè­re­ment indé­pen­dante de la pré­sence d’un obser­va­teur ; c’est peut-être la dif­fé­rence la plus cru­ciale entre la phy­sique macro­sco­pique et la phy­sique micro­sco­pique. Ce modèle, qui implique la vali­di­té géné­rale de la cau­sa­li­té et de la logique binaire, était et reste très effi­cace et per­for­mant en phy­sique macro­sco­pique.
Les résul­tats expé­ri­men­taux de la MQ montrent tou­te­fois les limites de ces concepts et sug­gèrent la créa­tion d’un nou­veau para­digme, qui pour­rait inté­grer la psy­ché des obser­va­teurs dans une nou­velle for­mu­la­tion et une nou­velle com­pré­hen­sion des lois fon­da­men­tales de l’u­ni­vers, pour autant qu’elles soient com­pré­hen­sibles.
Étu­dier et tra­vailler avec le Yi Jing, en tant que modèle d’une vision holis­tique du monde, four­nit non seule­ment un cadre théo­rique cohé­rent et sophis­ti­qué, basé sur des règles clai­re­ment défi­nies, mais aus­si des oppor­tu­ni­tés de tes­ter expé­ri­men­ta­le­ment sa vali­di­té. Ces deux faits invitent à accor­der à la méthode du Yi Jing une sorte de nou­velle scien­ti­fi­ci­té. Cela pour­rait géné­rer une nou­velle cog­ni­tion où les pro­blèmes non réso­lus de la MQ et les véri­tables concepts du Yi Jing pour­raient être expri­més à l’aide d’une séman­tique com­mune.
Le Yi Jing donne au ques­tion­neur de nou­velles idées sur les rai­sons pour les­quelles il devrait faire quelque chose ou non, tan­dis que la science occi­den­tale donne des indi­ca­tions sur la manière de le faire. Pour­quoi ne pas fusion­ner les deux méthodes dans une nou­velle vision géné­rale et ouverte de la réa­li­té englo­bant les dimen­sions psy­chiques et maté­rielles de l’u­ni­vers, ce qui contri­bue­rait à réa­li­ser le rêve de Wolf­gang Pau­li, lors­qu’il a décla­ré que la véri­table phy­sique serait la science capable d’u­ni­fier la matière et la psy­ché ?

Gabriel Fel­ley

Pour plus d’in­for­ma­tions : www.yintelligence.ch

 

  1. L’exemple bien connu du chat de Schrö­din­ger
  2. Jung, C. G. ; Pau­li, Wolf­gang ; Pau­li, Wolf­gang. (1952)
  3. Shel­drake, Rupert (2009)
  4. Man­cu­so et al

Bibliographie

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          • Jung, C. G. ; Pau­li, Wolf­gang ; Pau­li, Wolf­gang. (1952) : Natu­rerklä­rung und Psyche. Syn­chro­ni­zität als ein Prin­zip akau­sa­ler Zusam­menhänge. Zürich : Rascher (Stu­dien aus dem C. G. Jung-Ins­ti­tut, Zürich, 4).
          • Man­cu­so, Ste­fa­no ; Vio­la, Ales­san­dra ; Ben­ham, Joan ; Pol­lan, Michael : Michael : Brilliant green. The sur-pri­sing his­to­ry and science of plant intel­li­gence.
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