MTC et Yi Jing

Après les fameux Nei Jing (livre sur la Médecine Interne de l’Empereur Jaune Huang Di) et Shen-Nong (livre sur la phar­ma­copée chi­noise), un autre maître nom­mé Shanglei, médecin chi­nois, a décor­tiqué entre 1650 et 1700 le Nei Jing et l’a classé en caté­gories. Cet auteur affir­mait au début de son livre que pour com­pren­dre la médecine tra­di­tion­nelle chi­noise (MTC), il fal­lait con­naître le Yi Jing… Ce qui fut la pre­mière preuve du lien entre le Livre des Change­ments et cette médecine tra­di­tion­nelle.

Ayant donc entamé une recherche au niveau des rela­tions entre la médecine chi­noise et le Yi Jing et en par­ti­c­uli­er entre les tri­grammes, les organes-entrailles et leurs cir­cuits de liai­son énergé­tique, je vais vous trans­met­tre quelques don­nées que j’ai pu col­lecter.

Tout d’abord une étude d’oph­tal­molo­gie traduite du chi­nois ancien par un de mes amis. Il s’agit d’un extrait du Yi Zeng Jin Jian ou « Miroir d’or de la médecine chi­noise », écrit aux envi­rons de 1740 par Wu Qian à la demande de l’Empereur.

A chaque partie de l’œil correspond un trigrammeeye2

 Kan :  La pupille

Kan MTCElle ren­seigne sur l’état de l’humeur aque­use et de l’humeur vit­rée qui baigne la cham­bre intérieure de l’œil. Ce tri­gramme étant lié au Rein (Shen) en médecine tra­di­tion­nelle chi­noise, l’apparence de la pupille, nous don­nera accès à l’état énergé­tique du Rein, et à celui des os avec lesquels ce dernier est en rela­tion. (Il faut sig­naler qu’en MTC., lorsque l’on nomme un organe, cela ne con­cerne jamais l’organe lui-même, mais sa fonc­tion, c’est pour cela que Rein est au sin­guli­er).

La Peur pro­fonde (Kong), l’angoisse, est en cor­re­spon­dance avec le Rein. Elle fait descen­dre bru­tale­ment le Qi (incon­ti­nence). Nous avons ici plus une idée de descente, de mou­ve­ment de l’Eau, qu’une idée d’Humidité qui, elle, est en rela­tion avec la Terre et le tri­gramme Kun. C’est le Froid qui est lié à l’Eau et au Rein.

Zhen : L’iris

Zhen MTCIl est en rela­tion avec le Foie (Gan) et les ten­dons du corps, son état nous ren­seignant sur ces derniers. Sou­vent égale­ment asso­cié au tri­gramme Xun (Vent /Bois/Racine) dans un deux­ième temps.

La Colère (Nü) est l’émotion du Foie en MTC. Elle fait mon­ter le Qi vio­lem­ment, ébran­le dans l’explosion des émo­tions. Ses effets sont rapi­des et bru­taux mais ne durent en général pas longtemps.

Qien : Le « blanc de l’œil » ou sclérotique

Qian MTCLe blanc de l’œil est rond comme la voûte céleste, comme le Ciel. Il a la couleur du Métal en M.T.C. qui est en cor­re­spon­dance avec le Poumon (Fei). (Rouge : le Cœur,  jaune : la Terre,  noir : le Rein,  vert : le Foie).  Son étude nous informera donc sur l’état énergé­tique de celui-ci qui sera lié à celui de la peau. Si nous avons par exem­ple une scléro­tique rouge, c’est une chaleur pul­monaire, si elle est jaune, c’est une « chaleur-humid­ité » des poumons avec des encom­bre­ments.

La Sécher­esse (Zao), (manque de Yin) a ten­dance à atta­quer le Poumon. Par nature, cet organe est par­ti­c­ulière­ment sen­si­ble à cette dernière. Lorsqu’elle l’atteint, elle per­turbe ses fonc­tions. Or nous voyons dans le tri­gramme Qien (Ciel) un manque total de Yin. D’où le dan­ger. Si le manque de Yin per­siste, l’Acca­ble­ment (You) et la Tristesse (Bei) qui ont ten­dance à entretenir des rela­tions priv­ilégiées avec le Poumon (les roman­tiques phtisiques) vont domin­er la per­son­ne. Cette douleur est surtout celle de la perte et de l’abandon. Comme ce Yang pur qui, dans son excès, ne voit plus très bien ses lim­ites, n’est plus à l’écoute, fixé sur sa créa­tiv­ité et son nom­bril. Il se fatigue… il est seul. (6ème trait du pre­mier hexa­gramme).

Il est d’ailleurs intéres­sant de not­er que si le Poumon, le blanc et la tristesse sont en rela­tion en MTC, lorsqu’il y a un deuil en Chine, les per­son­nes qui accom­pa­g­nent por­tent du blanc. Ils ne sont pas encore dans le « Yin total », noir, là où se trou­ve déjà la per­son­ne décédée.

Cor­re­spon­dances entre tri­grammes et corps humain (2/2)

…La suite très vite !

 CRÉDITS IMAGES : ALAIN LEROY et Pierre Lautier