Chaotique ≠ complexe

Com­pre­nons bien la dif­fé­rence entre “Chao­tique” et “Com­plexe” : dans le pre­mier cas il est struc­tu­rel­le­ment cer­tain que le résul­tat ne cor­res­pon­dra …à aucune struc­ture ; dans le second la modé­li­sa­tion n’est pas adap­tée aux résul­tats que l’on attend : il y a soit trop de don­nées, soit pas assez, soit la ques­tion est mal posée…

ChaosDe nouvelles certitudes…

Ain­si au sein de cha­cune de ces 4 grandes caté­go­ries nous pou­vons trou­ver une cer­taine forme de sta­bi­li­té, …à défaut d’une sta­bi­li­té de forme ! Y est pour cha­cune déjà pré­sente une cer­ti­tude :

- Dans la pre­mière famille, le sys­tème est Equi­li­bré : cela veut dire que l’on peut pré­dire avec cer­ti­tude que, tant que l’on intro­duit pas un agent per­tur­ba­teur de cet équi­libre, il y aura une cer­taine forme d’im­mo­bi­li­té. Que cette immo­bi­li­té soit sou­hai­table, “favo­ri­sante” ou pas est bien sûr une toute autre ques­tion.

- Dans le second cas la Cycli­ci­té (sou­vent confon­due avec le Chan­ge­ment et évo­quée à tort comme la carac­té­ris­tique fon­da­men­tale du Yi Jing et de la pen­sée chi­noise qui en est issue), per­met d’at­tendre qu’un moment plus favo­rable se pro­duise ou de savoir que le moment actuel ne dure­ra pas. Ce qui est stable c’est l’al­ter­nance.

- De façon para­doxale, pour le troi­sième cas de figure, Aléa­toire, il est CERTAIN que l’on ne peut pas pré­dire une forme. …Ce qui est bien une forme de pré­dic­tion. Jus­qu’à ce que les condi­tions changent il n’y aura pas de forme “iden­ti-fiable”, cela ne cor­res­pon­dra qu’au seul modèle aléa­toire.

- Le der­nier cas, Com­plexe, indique en géné­ral que le modèle de la situa­tion que l’on uti­lise doit encore être sim­pli­fié ou au contraire pré­ci­sé par un apport com­plé­men­taire d’in­for­ma­tions déter­mi­nantes. C’est un peu comme si un ordi­na­teur nous répon­dait “Je ne com­prends pas” ; tant que les don­nées et les ques­tions qu’on lui pose ne seront pas plus affi­nées ou reliables, il est cer­tain qu’une réponse simple (en termes d’aide à la déci­sion par exemple) ne pour­ra pas être don­née. En l’ab­sence de raf­fi­ne­ment du modèle ini­tial la struc­ture résul­tante sera alors un com­po­site des 3 autres formes pos­sibles : équi­li­bré, cyclique et/ou aléa­toire.

Changements de changements

Ain­si il y aurait d’autres modèles prin­ci­paux de pré­vi­sion que le prin­cipe d’al­ter­nance…

Et si l’on regarde la ou les situa­tions à ce niveau, il n’y a fina­le­ment de véri­table chan­ge­ment de nature que lorsque l’on passe de l’une de ces 4 grandes caté­go­ries à une autre…

Mais une autre forme de chan­ge­ment tout aus­si per­ti­nente à consi­dé­rer serait le chan­ge­ment au sein d’une même classe (d’un état stable vers un autre, d’un mode d’al­ter­nance vers un autre, etc.)

Dans l’un et l’autre cas un élé­ment d’in­for­ma­tion pré­cieux peut être décou­vert grâce au modèle : le point de bas­cule. Il s’a­git de la défi­ni­tion des condi­tions néces­saires et suf­fi­santes pour qu’un chan­ge­ment se pro­duise. Dans l’in­ter­pré­ta­tion d’un tirage on trouve sou­vent ce type d’in­for­ma­tion “tac­tique” au moment de l’a­na­lyse des traits mutants.

Mais au fait à quoi servent les modèles ?

La modé­li­sa­tion consiste à iden­ti­fier, pour une situa­tion don­née, les fac­teurs-clés qui sont impli­qués dans le main­tien de cette situa­tion ou dans son évo­lu­tion poten­tielle vers une ou d’autres situa­tions. La vie “réelle” est ain­si abs­traite, sché­ma­ti­sée, réduite à une repré­sen­ta­tion autour de ces fac­teurs déclen­cheurs ou ver­rouilleurs de chan­ge­ment. On choi­sit donc d’oublier, de pro­vi­soi­re­ment ne plus consi­dé­rer comme prin­ci­pal, tout ce qui semble ne pas contri­buer à ce sché­ma. Le niveau d’abs­trac­tion obte­nu per­met de consta­ter la répé­ti­tion de cer­taines formes ou pro­ces­sus de trans­for­ma­tion. On observe éga­le­ment que l’é­vo­lu­tion de ces struc­tures simi­laires conduit à des conclu­sions ana­logues. Il est même pos­sible d’en iden­ti­fier une repré­sen­ta­tion-type, qu’on pour­ra entre autres nom­mer et ain­si mani­pu­ler concep­tuel­le­ment.Top-models

  • La modé­li­sa­tion donne donc du sens, par la struc­tu­ra­tion, au monde qui nous entoure
  • Ce fai­sant elle per­met la pré­dic­tion
  • Iden­ti­fiant les points de bas­cule elle pose des limites
  • Elle per­met éga­le­ment la “rétro­dic­tion” c’est-à-dire de “pré­voir le pas­sé” (titre d’un article en pré­pa­ra­tion), soit pour devi­ner ce qui s’est pas­sé, soit pour véri­fier qu’un modèle fonc­tionne
  • Elle pro­duit “quelque chose d’autre” : quit­tant le monde de l’a­na­lo­gie pour celui de la méta­phore, elle révèle de l’i­nex­plo­ré et nous ouvre au pro­grès tech­nique …ou à la poé­sie
  • Iden­ti­fiant les don­nées per­ti­nentes elle favo­rise et opti­mise la mémo­ri­sa­tion
  • Le modèle peut même être occulte, une sorte de boite noire dont on ne connait pas cer­tains para­mètres impor­tants, mais dont il est mal­gré tout pos­sible par ana­lo­gie de déduire ce qui va en émer­ger
  • Pour finir le modèle est sobre : allé­geant des contin­gences inutiles, il donne accès à la vision juste, au geste juste et au moment juste

Yin-Yang, momen­tums et modèles (1/3)

Yin-Yang, momen­tums et modèles (3/3)

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