Constat
Il faut beaucoup de mots pour expliquer une situation difficile ou compliquée à bien comprendre . Il en faut au contraire très peu lorsque les choses sont plus évidentes.
Ainsi l’hexagramme 47 (“Epuisement”) exprime entre autres un manque de communication avec les autres. Il n’est donc pas surprenant que la taille totale des textes s’y rapportant (Jugement + traits + grande Image) soient la plus longue du texte canonique.
A l’opposé l’hexagramme 58 (“Echanger”) exprime une joyeuse communication. Son texte total est le plus concis de tout le Yi Jing.
Question
Quelles informations nous donnerait la comparaison du nombre total de mots utilisés pour chaque hauteur de trait (trait du bas, trait 2, etc. jusqu’au trait 6) ?
Remarque
Sont exclus du décompte les deux premiers mots. Ils préfixent classiquement chaque texte de trait et indiquent la hauteur (1 à 6) et la qualité (6 ou 9). Ce sont eux que l’on traduit en français par « au début un neuf » ou « six à la troisième place », etc.
Valeurs obtenues : nombres de mots
Trait 1 : 513
Trait 2 : 557
Trait 3 : 655
Trait 4 : 518
Trait 5 : 565
Trait 6 : 630
Soit un Total de 3438 mots chinois
Première observation
On constate une proximité entre les totaux des
- Traits 1 et 4 (513 / 518)
- Traits 2 et 5 (557 / 565)
- Traits 3 et 6 (655 / 630)
Divisant les hexagrammes en trigrammes inférieur et supérieur il y a donc une similitude entre les traits de même niveau (traits inférieurs, médians ou supérieurs).
Seconde observation
Le nombre total de mots pour le premier trait de chaque trigramme (traits 1 et 4), est inférieur au nombre total pour les traits du milieu (traits 2 et 5), lui-même inférieur au nombre total pour les traits du haut des trigrammes (traits 3 et 6).
Exprimé autrement plus on monte dans les trigrammes plus il y a besoin de mots pour expliquer la situation ou la stratégie. Plus on s’éloigne de la base, plus çà se complique…
Troisième observation
Si l’on considère la différence de nombre de mots entre les traits du bas (traits 1 et 4) on obtient : 518–513 = 5. La même opération pour les traits du milieu (traits 2 et 5) donne 565–557 = 8. Le même calcul pour les traits du haut permet d’obtenir 655–630 = 25. Plus on monte haut dans les trigrammes plus la différence relative entre ces traits est grande.
En d’autres termes plus on monte dans les trigrammes plus la complexité relative… s’accentue !
Quatrième observation
Dans la comparaison au sein de ces couples de traits (1/4, 2/5 et 3/6) c’est « toujours » le trait le plus haut qui compte le plus grand nombre de mots. Ainsi la valeur pour le trait 4 est supérieure à la valeur pour le trait 1. De même le total correspondant au trait 5 est supérieur à celui pour le trait 2.
…Mais, de façon surprenante, en ce qui concerne le couple « 3/6 » c’est le troisième trait qui totalise davantage que son homologue le sixième trait.
Donc la logique “plus c’est haut, plus c’est compliqué” s’applique bien pour les deux premiers niveaux de chaque trigramme, mais s’inverse lorsque l’on considère les deux traits des plus hauts des trigrammes (le 3 et 6). Cette singularité numérique vient confirmer la difficulté ressentie par la pratique des tirages.
Première Synthèse
- Le trait du bas est le plus simple à expliquer (sans préjuger de la valeur positive ou pessimiste de la description de la situation ou du pronostic)
- Le trait qui a ensuite besoin de moins de mots est le quatrième (le plus bas des traits du haut)
- Il est suivi du second trait
- Puis vient son homologue le cinquième trait
- Là où l’on s’attendrait selon la logique arithmétique à trouver le troisième trait, c’est le sixième (le plus haut des traits du haut) qui se présente
- Pour finir le nombre le plus élevé de mots nécessaires (pour expliquer une situation ou la stratégie appropriée) est dévolu au plus haut des traits du bas, le troisième, le trait de passage…
Synthèse de la synthèse
Plus la position est basse dans le trigramme moins il y a besoin de mots pour expliquer la situation ou la stratégie. Cela est renforcé si on se trouve dans le trigramme du bas. Sauf pour le trait n°3 :
« Quitte à être en haut,
il semble plus facile d’être « en haut du haut »
« qu’en haut du bas »… »